Bibliothèque St-Sulpice
2017

Dans le vécu d’un bâtiment tel que la Bibliothèque Saint-Sulpice, une vision plus large de son vécu et de sa mission est requise afin d’accorder une valeur juste à son architecture. Cette vision dépend de notre compréhension de l’idée même du monument — de notre connaissance de l‘édifice, de son site et de son histoire.

L’approche d’intervention minimale prône l’idée que toute intervention sur un bâtiment patrimonial se doit d’être réduit au stricte minimum afin de maintenir le plus que possible sa fabrique matérielle d’origine. Les chartes du vingtième siècle émis par les organismes de patrimoine international s’en inspirent…  L’idée de Prosper Mérimée et de Viollet-le-Duc d’emprunter à la médecine une locution latine ‘’primum non nocere’’ (en premier lieu ne pas faire de mal), et la citation de Sir George Gilbert Scott : ‘’Le grand danger dans tout projet de restauration est de trop faire et la grande difficulté est de savoir quand arrêter’’ (2), résument bien les origines de cette approche. La réussite de nos interventions et insertions demeure tributaire d’une lecture rigoureuse et exhaustive du bâtiment d’origine.

Le bâtiment est composé en trois parties : le volume de l’entrée, le volume de la salle de lecture et l’auditorium, et le volume du magasin de livres.  Dans chacune de ces parties, les éléments patrimoniaux caractéristiques demeurent au premier plan d’importance.  Nos interventions qui s’y juxtaposent figurent comme des couches délicates dans le projet, valorisant en contrepoint les qualités de l’existant.

En premier lieu, la conservation des trois entrées existantes qui rejoignent la rue Saint-Denis est privilégiée. Le magnifique escalier central de marbre et les deux escaliers latéraux aux plafonds voutés sont mis en valeur.  L’introduction des ascenseurs a été soigneusement étudiée afin d’offrir l’accès universel sans avoir recours à la construction de rampes. L’organisation spatiale de l’édifice, et ses éléments patrimoniaux que sont les vitraux, moulures, garde-corps, éclairage, meubles de la salle de lecture et du magasin de livre sont de même mis en valeur.  Ainsi, les détails architecturaux que constituent les pilastres et moulures de plâtre des plafonds, et l’arche de proscenium de l’ancien auditorium sont conservés.  Au magasin de livres, une vaste majorité des étagères structurales en acier est conservée.

Les nouveaux éléments se distinguent par leur qualité artisanale et leur légèreté. Traités comme une nouvelle couche matérielle qui se distingue du bâtiment d’origine, les interventions contemporaines se détachent des murs et surfaces existantes. Elles se veulent réversibles, et elles s’expriment comme des volumes distincts ou comme des couches posées devant les surfaces existantes. L’utilisation de nouvelles parois en verre transparent, en verre translucide et en étain, ainsi que l’insertion de passerelles et d’escaliers, crée une promenade architecturale visuellement ouverte, de l’entrée vers les laboratoires, tout comme vers la salle de lecture et le magasin de livres renouvelé.

Détails
Localisation
Montréal, Québec, Canada
Programme
Bibliothèque Laboratoire
Client
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
État
Concours d'architecture
Credits
Architecte Chargé de projet
Gavin Affleck
Coconcepteurs
Richard de la Riva et Henri Cleinge
Équipe de projet
Étienne Sédillot, Mylène Moliner-Roy, Muhidin Kadric
Ingénieur en structure
Arup
Ingénieur en mécanique-électrique
WSP